greenie_breizh: (gay)
[personal profile] greenie_breizh
Ce matin sur France 5, le sujet principal de l'émission Les Maternelles c'était "Les mères homosexuelles" (pas les pères parce qu'apparement ils n'ont pas trouvé d'hommes pour répondre aux appels à témoins)... et d'ailleurs merci à [livejournal.com profile] miss_kao pour m'avoir prévenu de cette émission.

Avant tout, franchement je tiens à féliciter cette émission, foncièrement hétérosexiste de par son format/son sujet, et qui (comme pour compenser?) faire très régulièrement l'effort de donner son attention et son temps d'antenne à l'homoparentalité, et de façon très positive. Surtout sur ce thème sur lesquels la plupart des français(es) sont encore très frileux au point où ça en est ridicule (un peu moins de 40% des français voudraient que les homos aient le droit d'adopter), c'est tout à l'honneur de France 5 de prendre des positions sur le sujet.

Bref. Au tout début de l'émission je me suis demandé quelque chose... il a beaucoup été question de filiation évidement, puisqu'elle est basée sur "la différence des sexes", mais du coup : quand un enfant est adopté par un célibataire, où est la différence des sexes? Est ce que son acte de naissance nit l'adoption (comme l'acte de naissance peut aujourd'hui nié l'insémination artificielle) ou est ce que l'acte de naissance combine la référence des parents "inconnus" (comprendre biologiques) avec celle du parent adoptif? Si seul le parent adoptif apparait sur les papiers de l'enfant, je trouve ça très intéressant, parce que ça veut dire que la différence des sexes dans la filiation est en fait plus "rêvée" qu'actuelle...

Elisabeth Roudinesco, la psychanalyste qui était présente, avait un discours très intéressant - elle expliquait en particulier que la famille homoparentale ne fait finalement que suivre l'évolution générale de la famille (en France et ailleurs). La route a été pavée par le divorce, les familles recomposées, l'insémination artificielle, enfin bref les familles hétéroparentales ont en fait été les premières à "foutre le bordel", et c'est assez ironique maintenant que les mêmes personnes qui se sont battues pour ça puissent vouloir revenir sur leurs pas quand il s'agit d'homoparentalité, comme pour l'insémination artificielle (elle n'est pas été tout de suite restreinte aux couples hétérosexuels marriés).

Il y avait un reportage sur une famille avec deux mamans et quatres petits garçons (ce qui évidement fait bien rigolé tout le monde, genre "vous vouliez pas d'homme à la maison bah voilà vous êtes servies" ;), et le plus grand des garçons, qui avait 7 ans, était adorable dans la simplicité de ses mots : "Une famille d'habitude c'est un papa et une maman. Et aussi y a plein d'autres familles. Y a celle de nous, après." Ce que j'ai trouvé très bien dans ce reportage c'est que cette famille habite en province dans une petite ville et que les mamans ont fait remarquer que ça se passait très bien, comme quoi la stigmatisation ce n'est pas toujours là où on le pense, et les petites villes c'est pas toujours le pire. Après je pense qu'il y a une réelle différence entre la petite enfance (on va dire jusqu'à 7/8 ans) et la pré-adolescence (sans parler de l'adolescence où c'est exacerbé!) en ce qui concerne le regard des autres, donc faut voir comment ça se passe après ce cap. Mais déjà je trouve ça positif.

Oh et puis trop mignon, l'ainé qui compte les enfants "deux mamans et un enfant, deux mamans et deux enfants, ect" et qui arrivé au quatrième conclue : "Quatre, il y en a quand même assez." *g*

Phrase intéressant de la psychiatre encore : "Dans un couple homosexuel, il y a le deuil de ne pas pouvoir faire un enfant à deux." C'est très vrai et je pense que c'est aussi un des aspects les plus difficiles de l'homoparentalité bien qu'il ne soit pas spécifique aux couples homos...

Encore la psychiatre : "Il faut arrêter d'expertiser, c'est un fait." MERCI. Je commence à en avoir ras-le-bol de ces discussions en France. On imagine, on réfléchit dans l'abstrait, on pense, mais on ne fout jamais rien et du coup on est en total décalage. Le droit de vote des femmes on a mis 25 ans de plus que les Etats-Unis (et encore 1920 c'est l'arrêt de la Cour Suprême, certains Etats ça faisait plus longtemps!), va savoir pourquoi. Là encore on en parle on en parle et le rapport sur la famille continue d'être contre l'idée d'une parentalité "homo" : mais il n'y a plus question d'être pour ou contre en un sens! Ca existe, c'est là, c'est de la faute à personne et à tout le monde, c'est grâce à personne et à tout le monde à la fois, bref le point final c'est que ces familles elles existent, elles ne vont pas disparaître ni devenir moins nombreuses, alors il faut faire avec, et à mon avis le droit de l'enfant il est là, il faut s'occuper de ces enfants dont la famille n'est pas reconnue, qui ne sont pas correctement protégé par la loi, dont la vie est parfois compliquée par tout ça.

Toujours la psychiatre (qui décidement faisait des remarques intéressantes!) : "Il y a une attention incroyable à vouloir respecter la différence des sexes - une sorte de culpabilité." C'est vrai que c'est quelque chose qu'on entend quasiment systématiquement de la part des couples qui témoignent, cette obsession de vouloir s'assurer que l'enfant a un oncle/une marraine, enfin quelque de l'autre sexe avec lequel on l'incite à tisser des liens. Je pense que c'est une bonne chose dans le fond, parce que je crois que c'est positif pour un enfant de grandir proche d'adultes qui ne sont pas ses parents, et qu'en plus oui, c'est vrai, la différence entre les hommes et les femmes ça existe et que c'est bien aussi qu'il soit proche de quelqu'un du sexe opposé de celui de ses parents. Mais au final je ne peux pas m'empêcher de me demander combien ce discours est promu par cette culpabilité (le mot est juste à mon avis) de ne pas être hétéro, cette peur du reproche...? En fait ça m'intéresserait de savoir si dans les familles monoparentales, le parent a aussi cette attention de s'assurer que son enfant connaît et se sent proche de quelqu'un du sexe opposé du parent, au cas où il en ait besoin. Ca ne m'étonnerait pas du tout, mais je n'ai jamais suffisement discuté avec des "monoparents" pour avoir leur avis.

J'ai apprécié l'explication de l'avocate sur la situation actuelle en France et la différence entre adoption simple et déléguation de l'autorité parentale (c'est ça que concerne l'arrêt qui fera sans doute jurisprudence et dont j'ai parlé ) : entre autres le problème de la délégation de l'autorité parentale c'est que ça n'a aucun effet sur la filiation (symboliquement et autre, c'est important) et qu'en plus elle tombe à 18 ans...

C'était aussi sympa de voir l'une des intervenantes rappeler que finalement, dans l'histoire, celui qui est discriminé, c'est l'enfant. Et aussi que ce serait dommage d'inciter ses enfants à se méfier et à se refermer sur eux-mêmes, sur leur cellule familiale alors qu'à la base ils ont une force, celle de grandir dans une famille "inhabituelle", ce qui leur apporte une ouverture d'esprit qu'il serait bien plus intéressant de développer, au lieu de crée cette honte d'être différent à la place!

Coté pratique le coup des noms à donner à chaque mère me laisse encore perplexe, là les solutions dans les trois familles c'était : Maman X + Maman Y ; Maman + Mamou ; Maman + Sophie. Je crois que c'est soit la première, soit la deuxième solution que je préfère, j'aime pas trop l'impersonnalité d'utiliser juste le prénom. L'avantage de la première solution c'est cette sorte d'égalité entre les parents (mais en vérité a-t-elle lieu d'être, ou est ce que c'est parce que sinon on a peur que les autres ne voient que celle qui porte le titre officielle de "maman"?), la deuxième c'est mettre à pied d'égalité en reconnaissant une différence, en plus linguistiquement parlant j'aime bien l'idée de créer un nouveau mot. "Moi j'ai pas un papa, j'ai une mamou", c'est assez mignon comme explication.

Conclusion : il faudra que je me procure Fonder une famille homoparentale de Martine Gross, ça pourrait être intéressant.


Par contre certains propos sur le forum des Maternelles sont assez effrayants... en fait c'est exactement ce que j'entends dans les collèges et les lycées tout le temps et c'est un peu désespérant de voir que les adultes ont le même raisonnement illogique, normatif et surtout homophobe. Au moins on sait d'où ça vient chez les enfants après...
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